jeudi 11 août 2016

Forum Social Mondial à Montréal. Comité Handicap, culture sourde et société sans barrières. Table-ronde "accessibilité des études de la maternelle à l'université"

Pour le Forum Social Mondial à Montréal, j'ai participé depuis mars 2016 aux travaux préparatoires et aux activités du groupe de travail "Handicap, culture sourde et société sans barrières". Pour voir le programme des activités de ce groupe de travail CLIC!
Ce fut un parcours émaillé de belles rencontres parmi lesquelles, celle de l'AQEIPS (Association québécoise des étudiants ayant des incapacités au postsecondaire)qui a organisé une table ronde ayant pour thème : "le défi de l'accessibilité des études et de la formation professionnelle : une éducation inclusive de la maternelle au post-secondaire. Est-ce possible ?" 
J'ai eu le plaisir de prêter main-forte à cette dynamique équipe associative pour préparer et animer cette table ronde.

Voici mon texte d'ouverture : 

"L'accessibilité des études : vers une école inclusive pour une société inclusive. Les enjeux de la rencontre.

Dans de nombreux pays, la massification de l’enseignement et son corollaire de sélection a rendu plus visible et évidente l’infinie diversité des allures de vie et des  allures d’apprentissage des élèves. Le 20eme siècle a fait face au phénomène en développant une panoplie de mesures ségrégatives assignant à des classes et des établissements spécialisés les élèves s’écartant trop de la norme et sur lesquels on fondait peu d’espoir qu’ils devinssent productifs. L’inventivité administrative secondée par une pédopsychiatrie qui trouvait ainsi sa légitimité fit merveille pour créer un kaléidoscope de catégories auxquels on fit correspondre les classes idoines pour ranger ces élèves promis à la marginalité sociale. Leur éducation oscilla entre bienveillance et négligence. Ils bénéficièrent parfois de la formidable inventivité pédagogique de certains de leurs enseignants mais pâtirent aussi souvent qu’on les livra à des enseignants eux-mêmes abandonnés.

A la charnière des deux siècles, 20eme et 21eme, sous la poussée des revendications qui s'organisèrent et finirent par se faire entendre pour exiger l'égalité d'accès aux droits parmi lesquels celui de l'éducation, on vit émerger pour succéder à la ségrégation deux conceptions des moyens pour y parvenir : l'intégration d’abord, puis, dans la matrice de revendication des droits des minorités en Amérique du Nord, l’inclusion.
L'intégration porte le regard sur l’individu cherchant à lui apporter les améliorations propres à le rendre fonctionnel dans le groupe, la classe à laquelle on le destine. Adaptation, réadaptation, compensation et accommodements en sont les moyens. Ils conduisent à des pratiques pédagogiques d’individualisation souvent difficiles à mettre en œuvre car elles butent fréquemment sur le manque d’autonomie des élèves et sur la question du nombre d'élèves auxquels cette forme de préceptorat peut être prodigué simultanément sans que l’enseignant s’y épuise et se transforme en jongleur d’assiettes chinoises! L’inclusion pour sa part porte son attention sur le groupe, la société scolaire, la classe, l'école, comme milieux, comme contextes au sein desquels chaque élève doit pouvoir trouver les ressources nécessaires à son développement et à ses apprentissages. Au niveau de la classe, cette diversité des ressources offertes à la diversité des allures d’apprentissage des élèves est appelée “différenciation pédagogique”.

Ces trois modèles d’organisation : ségrégation, intégration et inclusion sans oublier malheureusement parfois l’exclusion coexistent aujourd’hui dans la majorité des systèmes éducatifs. Si exclusion et ségrégation ne sont évidemment revendiquées par aucun dans les prescriptions, elles subsistent néanmoins dans la réalité. Intégration prévaut souvent ainsi que c’est le cas au Québec dans bien des discours et des textes normatifs. Il tend à céder progressivement la place à inclusion à l’instigation dès mouvements civiques, des militants pédagogiques et de nombreux chercheurs soutenus depuis 1994 par un texte fondateur de l’UNESCO, dit “déclaration de Salamanque”. L’école inclusive constitue, à l’heure actuelle un horizon, une visée, et parfois, au mieux dans sa mise en œuvre concrète, un processus et il faut s’attendre à ce que cela perdure tant il reste d’obstacles pour y parvenir, de sa définition même à sa réalisation la plus satisfaisante.

Visée pratique de la table ronde : pas une “querelle du filioque” sur les mérites comparés de choix a priori en faveur ou non de l'intégration et/ou de l’inclusion, cela les colloques universitaires s’en chargent mais un examen en perspectives croisées de ce que vivent les acteurs de l’éducation: élèves et étudiants, enseignants et personnels scolaires, parents, sans oublier les citoyens que nous sommes tous et pour qui le service public d'éducation doit non seulement être profitable pour ses usagers directs mais doit aussi former pour la société les citoyens qui la feront vivre demain.

Ainsi, nous allons donner la parole aux panélistes pour nous imprégner de différents vécus et points de vue afin d’alimenter notre réflexion orientée vers la recherche de pistes d’améliorations en vue d’assurer la meilleure accessibilité des études à tous les enfants, jeunes et adultes ayant des incapacités ou limitations produisant un handicap en contexte défavorable."

Voici les panélistes : 

- Franck Pinat, étudiant expose son parcours vécu (pour commencer par du concret, un parcours illustrant certaines des difficultés et des conditions de réussite des études)

- Des réponses sur le terrain et dans la formation : Sylvie Normandeau, enseignante au primaire puis directrice d'école, conseillère pédagogique ressource régionale en Montérégie, enseignante-chercheure au CERFA et chargée de cours à l'UQAM,  doctorante à l'université Sherbrooke (pour reprendre espoir et confiance ... Avec des exemples de pratiques inclusives au niveau de la classe, de l'école et dans la formation des enseignants)

- Enseignant en classe d'accueil : Khalid Gueddari, doctorant à l'université de Montréal (pour prolonger la précédente et comprendre ce qui compose la réflexion et la pratique d'un enseignant sur le terrain)

- Des parents  : Anik Larose Directrice Générale de l’AQIS, Association Québécoise pour l’Intégration Sociale et Elisabeth Platonov (pour entendre les attentes des parents)
- Le milieu universitaire (Monique Brodeur UQAM Présidente du Groupe de travail sur l’éducation inclusive, Doyenne, Faculté des sciences de l’éducation) RAPPORT INTÉRIMAIRE DU GROUPE DE TRAVAIL SUR L’ÉDUCATION INCLUSIVE À L’UQAM « Éducation inclusive et accessibilité : une responsabilité légale collective, une occasion socioéducative pour l’UQAM » DOCUMENT PRÉSENTÉ À LA COMMISSION DES ÉTUDES (pour savoir comment le milieu universitaire envisage l'accessibilité la plus large des cursus qu'il propose)

- Aqeips (pour finir par la parole des organisatrices et faire le point sur la situation des étudiants aujourd'hui et entendre les attentes exprimées par leur association représentatives) L'AQEIPS, Association québécoise des étudiants ayant des incapacités au postsecondaire, travaille à la promotion de l'égalité des chances en éducation postsecondaire, du modèle social du handicap, de l'accessibilité universelle en éducation et de la conception universelle de l'apprentissage.
Marie-Hélène Tanguay : Chargée de reseautage et relations avec les etudiants, à AQEIPS
Laurence Rousseau : DIRECTRICE GENERALE, à Aqeips

Débat avec la salle : Que faut-il changer pour une école meilleure dans "un monde meilleur" (thème du FSM) ? Que faut-il faire pour les élèves afin de faciliter leur parcours, leurs apprentissages...? Que faut-il faire pour les enseignants afin qu'ils soient en mesure de répondre aux besoins et aux attentes de leurs élèves ? Que faut-il faire pour les parents afin de les soutenir dans leur projet éducatif de leurs enfants ? Que faut-il faire dans la société pour qu'elle offre à tous les enfants, à tous les jeunes, les meilleures conditions pour réussir dans leur désir d'apprendre et qu'elle s'en trouve améliorée ?

photo Marjorie Vidal

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