Pavillon Pasteur - Salle DR200 (UQAM)
De 9h à 17h
Inscription gratuite: https://aqeipsinclusion.
L’accessibilité des études et des apprentissages ainsi que la participation sociale des élèves handicapés ou en difficulté d'adaptation ou d'apprentissage (ÉHDAA) et des étudiants en situation de handicap (ÉSH) n’a de sens qu’au sein d’institutions inclusives. Ce constat qui parcourt d’un bout à l’autre la Politique de l’adaptation scolaire du Ministère de l’éducation (MELS, 1999), procure une trame générale pour penser chaque intervention dans le cadre de l’adaptation scolaire. Il se traduit à tous les ordres (primaire, secondaire et postsecondaire) et concerne l’ensemble des acteurs scolaires et sociaux. Pourtant, l’inclusion constitue aujourd’hui encore un défi pour l’École et la société québécoise dans son ensemble. Elle peut être vue par certains autant comme une « fausse promesse » que comme une « vraie utopie ». Les opinions se polarisent autour de son implantation et la manière de surmonter les obstacles pratiques ne fait pas consensus auprès des acteurs de première ligne.
L’objectif de cet événement est d’essayer de dépasser ces obstacles et d’identifier des pistes d’action concrètes pour opérationnaliser l’inclusion. À cette fin, les résultats de plusieurs recherches seront exposés. Ils seront illustrés par les témoignages d’acteurs qui ont vécu les situations exposées. Loin d’être prescriptives, ces pistes de recherche devront être vues comme des occasions de mieux saisir les enjeux de l’inclusion, et surtout d’échanger sur les types de verrous qui doivent sauter pour éviter les accrocs dans son implantation. C’est pour pouvoir mettre en commun ces différentes pistes d’action que nous avons mis en place cette journée d’étude. Elle s’adresse à tous ceux et celles qui sont concernés par l’inclusion (praticiens, élèves, étudiants, parents, chercheurs) à tous les ordres scolaires. Cette rencontre pourrait être la première d’une série de journées d’étude qui permettraient de faire périodiquement le point sur les avancements à ce sujet.
Programme
09h00 - Mot d’accueil
·
Jean
Horvais (professeur à la Faculté des sciences de l’éducation de l’UQAM)
·
Khalid
Gueddari (enseignant à la CSL)
09h15 - État des lieux des
pratiques inclusives vs exclusives
1. La part de l’école dans l’inclusion
scolaire ou la construction des inégalités scolaires
·
Marc-André
Deniger (professeur titulaire à la Faculté des sciences de l’éducation
de l’UdeM)
·
Vanessa
Lemire (professionnelle de recherche à la FSE de l’UdeM et directrice
d’Adultes et réussite)
2. Mon expérience de l’exclusion et de
l’inclusion scolaires : un cheminement semé d’embûches
·
Mélanie
Chartrand (intervenante sociale à l’école Félix-Antoine)
10h20 - Les pratiques inclusives
sur le plan de la pédagogie : la différenciation pédagogique
3. La différenciation pédagogique pour
soutenir l’apprentissage dans la classe
·
Geneviève
St-Denis (doctorante à la Faculté des sciences de l’éducation de l’UdeM)
4. Clinique Préven-TIC : programme
de prévention, d’évaluation et d’intervention adressé aux élèves en difficulté
d’apprentissage ou à risque d’échec
·
Abdellatif Katan (enseignant
à la CSMB)
·
Eugenia Carolin
(orthopédagogue à la CSMB)
·
Amandine
Marguerite (orthopédagogue à la CSMB)
11h25 - Les pratiques
inclusives sur le plan de l’accompagnement : le modèle TÉVA
5. Évaluation des effets du programme
Conciliation études-travail sur la persévérance scolaire et la réussite
éducative en Estrie
·
Sylvain Bourdon (professeur
titulaire à la Faculté de l’éducation de l’UdeS et directeur du CERTA)
6. La TÉVA par le Cirque Social
·
Maude
Massicotte (Co-Fondatrice du groupe DefPhys)
12h15 - Dîner
13h15 - Les pratiques
inclusives sur le plan de la gestion : la responsabilisation des
institutions
7. Éducation inclusive: une
responsabilité collective, une occasion socioéducative pour l'UQAM
·
Dolores
Otero (directrice du Centre des services d’accueil et de soutien
socioéconomique aux Services à la vie étudiante de l’UQAM)
8. Réflexion sur le caractère collectif
de l’inclusion des étudiantEs ayant des problèmes de santé mentale
·
Andrée
Boily (étudiante à la maitrise à la Faculté des sciences de l’éducation
de l’UdeM)
14h20 - Discussion de groupe sur
les pratiques inclusives par ordre d’enseignement
16h05 - Retour sur la journée
·
Annie
Lafrenière (référente technique en insertion sociale chez Handicap
international)
·
Marianne Paquette
(animatrice à Canal M à Vues et voix)
16h50 - Remerciements
·
Laurence
Perreault-Rousseau (directrice générale de l’AQEIPS)
***Cette journée d’étude, financée par l’OPHQ, fait suite à une conférence organisée par l’Association québécoise pour l’équité et l’inclusion au postsecondaire (AQEIPS) dans le cadre du FSM et qui avait pour titre : Le défi de l’accessibilité universelle des études et de la formation professionnelle : une éducation inclusive de la maternelle à l’université est-elle possible ? Au cours de celle-ci, plusieurs participants issus de milieux très variés (professeurs-chercheurs, directrice d’école, enseignant, parents, élève, responsables associatifs) ont pris la parole et nous ont fait part de leurs expériences autour de l’inclusion des ÉHDAA et ÉSH, devant une trentaine de participants eux aussi provenant de milieux très divers et rassemblés pour l’occasion autour de la problématique de l’inclusion.
Mon propos d'introduction :
La perspective inclusive fait son chemin dans
les discours concernant l’éducation depuis les textes internationaux dont la
déclaration UNESCO de Salamanque en 1994 jusqu’à ceux visant certaines
organisations scolaires locales. Simultanément, des réticences, voire des
oppositions se manifestent émanant souvent d’acteurs de terrains. Tout
particulièrement des enseignants sont inquiets de leur capacité à tenir leur
place dans ce qu’ils perçoivent comme une nouvelle injonction venant alourdir
leur tâche. Et plus les discours des autorités morales et politiques vont dans
le sens des demandes légitimes d’un accès universel à l’éducation venant de
citoyens jusqu’à présent marginalisés du fait de leur condition handicapée,
plus la crainte des conséquences à assumer sur le terrain augmente.
Les prescripteurs ont beau euphémiser les choses
en présentant l’éducation inclusive comme le fruit d’une évolution, d’un
progrès qui se réalisera par un glissement naturel sans solution de continuité
d’avec le modèle intégratif voire ségrégatif prévalant jusqu’alors, rien n’y
fait. Les acteurs de terrain restent le plus souvent rétifs, ils sentent
instinctivement le danger et se cabrent. Présumant le défi de l’inclusion plus
exigeant encore que celui de l’intégration qui offraient toutes sortes de
portes dérobées par les catégorisations des élèves et leur assignation à des
dispositifs et des prises en charges selon un paradigme médical, les acteurs de
terrain réclament des moyens. Ils ont été maintes fois échaudés d’avoir dû pratiquer
jusqu’alors une intégration limitée avec des moyens consentis du bout du
porte-monnaie et jamais vraiment menée à terme. Quoi qu’il en soit, ces moyens
ciblant et stigmatisant le plus souvent l’élève réputé non conforme à la norme
scolaire maintiennent ce dernier dans une situation de liminalité. On ne
saurait donner tort à ces acteurs de terrain de voir, à leur esprit défendant,
une rupture dans le passage à la perspective inclusive. Convenons-en, dans la
perspective inclusive, ce n’est plus à l’élève à raison de ses particularités
dûment diagnostiquées que l’on doit prodiguer des remédiations, réadaptations,
interventions et adaptations… c’est d’abord au système qui l’accueille, au sein
duquel l’enseignant - mais pas que lui - occupe une place prépondérante. Là où
il fallait prioritairement aider l’élève à réussir à s’intégrer, il faut
maintenant prioritairement aider l’école et ses acteurs à réussir à être
inclusifs. Ce ne sont donc plus tout à fait des moyens du même ordre, l’accent
n’est plus à placer au même endroit.
Un des premiers moyens qui est invoqué est celui
de la formation, le besoin de formation des enseignants. Même si c’est loin
d’être le fin mot de l’affaire, dans le cadre d’une journée d’étude, il est
utile de s’y arrêter pour voir tout ce qui doit changer en ce domaine. La
première chose est de considérer dans une perspective inclusive que la
formation ne doit plus seulement concerner des enseignants “spécialistes” de
l’adaptation scolaire - laquelle perd d’ailleurs largement de son sens - la
formation doit s’adresser à l’ensemble des enseignants puisqu’ils sont tous
susceptibles d’accueillir dans leurs classes la plus grande diversité d’élèves
possible. La deuxième est de considérer qu’il faut renoncer à vouloir former
selon l’ancien canon, à une pédagogie de modèle médicalisé qui prescrit a
priori une infinité de protocoles pédagogiques correspondant à chaque catégorie
de troubles ou de limitations possiblement rencontrées. La formation ne peut
plus être la denrée concentrée en formation initiale puis chichement dispensée
en cours de carrière. Elle doit permettre aux acteurs de terrain de SE former
plutôt que D’ETRE formés, c’est à dire de disposer de ressources de formation à
mesure de la prise de conscience de leurs besoins en situation. De même pour
les acteurs collectifs que sont les organisations scolaires. Elles doivent
devenir des organisations apprenantes qui enrichissent leurs compétences à
mesure de leurs rencontres avec la diversité des élèves. Ainsi, on cesserait de
se demander si on est prêt ou non à l’inclusion en posant la condition de
disposer de savoirs déjà assurés. Car, il faut abandonner le rêve platonicien
qu’il y aurait dans le ciel des idées les recettes préécrites de la pédagogie
inclusive. Celle-ci s’apprend en chemin. Je pencherais plutôt pour la formule
de Kierkegaard : “Ce n'est pas le chemin qui
est difficile, c'est le difficile qui est le chemin.”
C’est justement aujourd’hui l’occasion de faire
le point sur le développement de cet apprentissage au sein des communautés
apprenantes que sont nos milieux scolaires afin d’identifier ce qui progresse,
ce qui est prometteur, sans oublier bien sûr ce qui subsiste comme médiocrités,
renoncements et obstacles."
Quelques photos extraites des vidéos : CLIC !
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