jeudi 1 juin 2017

1er juin 2017 : du primaire à l'université : le défi des pratiques inclusives

Du primaire à l’université : le défi des pratiques inclusives

    Pavillon Pasteur - Salle DR200 (UQAM)
De 9h à 17h

Inscription gratuite: https://aqeipsinclusion.eventbrite.ca




L’accessibilité des études et des apprentissages ainsi que la participation sociale des élèves handicapés ou en difficulté d'adaptation ou d'apprentissage (ÉHDAA) et des étudiants en situation de handicap (ÉSH) n’a de sens qu’au sein d’institutions inclusives. Ce constat qui parcourt d’un bout à l’autre la Politique de l’adaptation scolaire du Ministère de l’éducation (MELS, 1999), procure une trame générale pour penser chaque intervention dans le cadre de l’adaptation scolaire. Il se traduit à tous les ordres (primaire, secondaire et postsecondaire) et concerne l’ensemble des acteurs scolaires et sociaux. Pourtant, l’inclusion constitue aujourd’hui encore un défi pour l’École et la société québécoise dans son ensemble. Elle peut être vue par certains autant comme une « fausse promesse » que comme une « vraie utopie ». Les opinions se polarisent autour de son implantation et la manière de surmonter les obstacles pratiques ne fait pas consensus auprès des acteurs de première ligne.

L’objectif de cet événement est d’essayer de dépasser ces obstacles et d’identifier des pistes d’action concrètes pour opérationnaliser l’inclusion. À cette fin, les résultats de plusieurs recherches seront exposés. Ils seront illustrés par les témoignages d’acteurs qui ont vécu les situations exposées. Loin d’être prescriptives, ces pistes de recherche devront être vues comme des occasions de mieux saisir les enjeux de l’inclusion, et surtout d’échanger sur les types de verrous qui doivent sauter pour éviter les accrocs dans son implantation. C’est pour pouvoir mettre en commun ces différentes pistes d’action que nous avons mis en place cette journée d’étude. Elle s’adresse à tous ceux et celles qui sont concernés par l’inclusion (praticiens, élèves, étudiants, parents, chercheurs) à tous les ordres scolaires. Cette rencontre pourrait être la première d’une série de journées d’étude qui permettraient de faire périodiquement le point sur les avancements à ce sujet.

Programme

09h00 - Mot d’accueil

·      Jean Horvais (professeur à la Faculté des sciences de l’éducation de l’UQAM)
·      Khalid Gueddari (enseignant à la CSL)

09h15 - État des lieux des pratiques inclusives vs exclusives

1.    La part de l’école dans l’inclusion scolaire ou la construction des inégalités scolaires
·      Marc-André Deniger (professeur titulaire à la Faculté des sciences de l’éducation de l’UdeM) 
·      Vanessa Lemire (professionnelle de recherche à la FSE de l’UdeM et directrice d’Adultes et réussite)

2.    Mon expérience de l’exclusion et de l’inclusion scolaires : un cheminement semé d’embûches 
·      Mélanie Chartrand (intervenante sociale à l’école Félix-Antoine)

10h20 - Les pratiques inclusives sur le plan de la pédagogie : la différenciation pédagogique

3.    La différenciation pédagogique pour soutenir l’apprentissage dans la classe
·      Geneviève St-Denis (doctorante à la Faculté des sciences de l’éducation de l’UdeM)

4.    Clinique Préven-TIC : programme de prévention, d’évaluation et d’intervention adressé aux élèves en difficulté d’apprentissage ou à risque d’échec
·      Abdellatif Katan (enseignant à la CSMB)
·      Eugenia Carolin (orthopédagogue à la CSMB)
·      Amandine Marguerite (orthopédagogue à la CSMB)

11h25 - Les pratiques inclusives sur le plan de l’accompagnement : le modèle TÉVA

5.    Évaluation des effets du programme Conciliation études-travail sur la persévérance scolaire et la réussite éducative en Estrie
·      Sylvain Bourdon (professeur titulaire à la Faculté de l’éducation de l’UdeS et directeur du CERTA)

6.    La TÉVA par le Cirque Social
·      Maude Massicotte (Co-Fondatrice du groupe DefPhys)
 
12h15 - Dîner
13h15 - Les pratiques inclusives sur le plan de la gestion : la responsabilisation des institutions

7.    Éducation inclusive: une responsabilité collective, une occasion socioéducative pour l'UQAM
·      Dolores Otero (directrice du Centre des services d’accueil et de soutien socioéconomique aux Services à la vie étudiante de l’UQAM)

8.    Réflexion sur le caractère collectif de l’inclusion des étudiantEs ayant des problèmes de santé mentale
·      Andrée Boily (étudiante à la maitrise à la Faculté des sciences de l’éducation de l’UdeM)

14h20 - Discussion de groupe sur les pratiques inclusives par ordre d’enseignement

16h05 - Retour sur la journée

·      Annie Lafrenière (référente technique en insertion sociale chez Handicap international)
·      Marianne Paquette (animatrice à Canal M à Vues et voix)

16h50 - Remerciements
·      Laurence Perreault-Rousseau (directrice générale de l’AQEIPS)


***Cette journée d’étude, financée par l’OPHQ, fait suite à une conférence organisée par l’Association québécoise pour l’équité et l’inclusion au postsecondaire (AQEIPS) dans le cadre du FSM et qui avait pour titre : Le défi de l’accessibilité universelle des études et de la formation professionnelle : une éducation inclusive de la maternelle à l’université est-elle possible ? Au cours de celle-ci, plusieurs participants issus de milieux très variés (professeurs-chercheurs, directrice d’école, enseignant, parents, élève, responsables associatifs) ont pris la parole et nous ont fait part de leurs expériences autour de l’inclusion des ÉHDAA et ÉSH, devant une trentaine de participants eux aussi provenant de milieux très divers et rassemblés pour l’occasion autour de la problématique de l’inclusion.

Mon propos d'introduction : 
La perspective inclusive fait son chemin dans les discours concernant l’éducation depuis les textes internationaux dont la déclaration UNESCO de Salamanque en 1994 jusqu’à ceux visant certaines organisations scolaires locales. Simultanément, des réticences, voire des oppositions se manifestent émanant souvent d’acteurs de terrains. Tout particulièrement des enseignants sont inquiets de leur capacité à tenir leur place dans ce qu’ils perçoivent comme une nouvelle injonction venant alourdir leur tâche. Et plus les discours des autorités morales et politiques vont dans le sens des demandes légitimes d’un accès universel à l’éducation venant de citoyens jusqu’à présent marginalisés du fait de leur condition handicapée, plus la crainte des conséquences à assumer sur le terrain augmente.
Les prescripteurs ont beau euphémiser les choses en présentant l’éducation inclusive comme le fruit d’une évolution, d’un progrès qui se réalisera par un glissement naturel sans solution de continuité d’avec le modèle intégratif voire ségrégatif prévalant jusqu’alors, rien n’y fait. Les acteurs de terrain restent le plus souvent rétifs, ils sentent instinctivement le danger et se cabrent. Présumant le défi de l’inclusion plus exigeant encore que celui de l’intégration qui offraient toutes sortes de portes dérobées par les catégorisations des élèves et leur assignation à des dispositifs et des prises en charges selon un paradigme médical, les acteurs de terrain réclament des moyens. Ils ont été maintes fois échaudés d’avoir dû pratiquer jusqu’alors une intégration limitée avec des moyens consentis du bout du porte-monnaie et jamais vraiment menée à terme. Quoi qu’il en soit, ces moyens ciblant et stigmatisant le plus souvent l’élève réputé non conforme à la norme scolaire maintiennent ce dernier dans une situation de liminalité. On ne saurait donner tort à ces acteurs de terrain de voir, à leur esprit défendant, une rupture dans le passage à la perspective inclusive. Convenons-en, dans la perspective inclusive, ce n’est plus à l’élève à raison de ses particularités dûment diagnostiquées que l’on doit prodiguer des remédiations, réadaptations, interventions et adaptations… c’est d’abord au système qui l’accueille, au sein duquel l’enseignant - mais pas que lui - occupe une place prépondérante. Là où il fallait prioritairement aider l’élève à réussir à s’intégrer, il faut maintenant prioritairement aider l’école et ses acteurs à réussir à être inclusifs. Ce ne sont donc plus tout à fait des moyens du même ordre, l’accent n’est plus à placer au même endroit.
Un des premiers moyens qui est invoqué est celui de la formation, le besoin de formation des enseignants. Même si c’est loin d’être le fin mot de l’affaire, dans le cadre d’une journée d’étude, il est utile de s’y arrêter pour voir tout ce qui doit changer en ce domaine. La première chose est de considérer dans une perspective inclusive que la formation ne doit plus seulement concerner des enseignants “spécialistes” de l’adaptation scolaire - laquelle perd d’ailleurs largement de son sens - la formation doit s’adresser à l’ensemble des enseignants puisqu’ils sont tous susceptibles d’accueillir dans leurs classes la plus grande diversité d’élèves possible. La deuxième est de considérer qu’il faut renoncer à vouloir former selon l’ancien canon, à une pédagogie de modèle médicalisé qui prescrit a priori une infinité de protocoles pédagogiques correspondant à chaque catégorie de troubles ou de limitations possiblement rencontrées. La formation ne peut plus être la denrée concentrée en formation initiale puis chichement dispensée en cours de carrière. Elle doit permettre aux acteurs de terrain de SE former plutôt que D’ETRE formés, c’est à dire de disposer de ressources de formation à mesure de la prise de conscience de leurs besoins en situation. De même pour les acteurs collectifs que sont les organisations scolaires. Elles doivent devenir des organisations apprenantes qui enrichissent leurs compétences à mesure de leurs rencontres avec la diversité des élèves. Ainsi, on cesserait de se demander si on est prêt ou non à l’inclusion en posant la condition de disposer de savoirs déjà assurés. Car, il faut abandonner le rêve platonicien qu’il y aurait dans le ciel des idées les recettes préécrites de la pédagogie inclusive. Celle-ci s’apprend en chemin. Je pencherais plutôt pour la formule de Kierkegaard : “Ce n'est pas le chemin qui est difficile, c'est le difficile qui est le chemin.”

C’est justement aujourd’hui l’occasion de faire le point sur le développement de cet apprentissage au sein des communautés apprenantes que sont nos milieux scolaires afin d’identifier ce qui progresse, ce qui est prometteur, sans oublier bien sûr ce qui subsiste comme médiocrités, renoncements et obstacles."

Quelques photos extraites des vidéos : CLIC !

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