Tous les vendredis, j'anime un nouvel atelier à la Gang à Rambrou : l'atelier philo
Introduction :
Les membres de la Gang à Rambrou expriment souvent, de façon ponctuelle et peu prévisible des réflexions à teneur philosophique. Sans en avoir vraiment conscience, sans formation académique, leurs pensées concernent des thèmes fondamentaux de la vie et de la condition humaine. Un atelier de philosophie régulier est l’occasion de développer ces expressions spontanées en les rattachant à des thèmes fondamentaux de la tradition philosophique. Cet atelier est conçu comme un espace de dialogue régulé entre les personnes participantes. Il a pour objectif que chaque personne s’enrichisse des réflexions des autres et apporte au collectif sa propre contribution. Les traces documentaires de ce dialogue seront précieusement colligées pour assurer la mémoire du groupe, pour faire connaitre le travail de l’atelier aux autres membres de l’organisme et pour une diffusion plus large. Cet atelier a pour finalité de produire un recueil écrit et un recueil audio des réflexions, validés par les intéressés.
Il a aussi pour but d’alimenter la recherche scientifique émancipatoire sur la diversité capacitaire des personnes minorisées par l’attribution d’un diagnostic stigmatisant tel que celui de la déficience intellectuelle.
Fonctionnement :
Proposition pour des rencontres hebdomadaires de novembre 2025 à juin 2026
Les personnes participantes
· Les séances réunissent 6 à 8 personnes participantes qui ont librement choisi de s’inscrire à l’atelier pour le nombre de séances proposées.
· Ces personnes sont capables d’interactions verbales dans une conversation longue.
L’animateur a pour fonction :
· De préparer les séances
· De distribuer la prise de parole
· De présenter le thème de la séance
· De faire des relances en conservant une stricte neutralité pour faciliter l’approfondissement de la réflexion
· De maintenir une ambiance respectueuse et paisible dans le groupe
· De garantir la sécurité affective de toutes les personnes
Déroulement d’une séance :
· Accueil
· Énoncé du thème choisi ensemble par consensus en fin de séance précédente
· Audition des expressions qui circonscrivent sémantiquement le thème et qui peuvent donner l’impulsion à la réflexion et à la prise de parole. Une dizaine de phrases simples qui montrent que le thème est présent dans la vie des personnes.
· 1er tour de parole pour une expression personnelle indépendante des propos des autres protagonistes
· Nouvelle audition des expressions qui circonscrivent sémantiquement le thème (objectif : améliorer leur mémorisation, permettre à chaque personne de vérifier que sa réflexion est en lien avec un des aspects du thème, offrir une nouvelle occasion de développer sa pensée dans la même ou une autre direction)
· 2ème tour de parole pour une expression personnelle indépendante des propos des autres protagonistes
· Discussion : chaque personne peut reprendre les propos d’une autre, les prolonger, proposer une alternative, les contredire (avec respect), etc.
· 3ème tour de parole : bilan personnel : « ce que je retiens d’essentiel dans la séance ».
· Réalisation : écrit, dessin, vidéo…
Règles de fonctionnement :
On demande la parole et on la distribue en ordre
On ne coupe pas la parole à celui ou celle qui parle
Relances :
Qu’est-ce qui te donne à penser cela ?
Aurais-tu un exemple à proposer ?
Peux-tu préciser ce que tu entends par « …. » ?
Qu’en pensez-vous, les autres ? (suite à une reformulation éventuelle)
Première séance : la beauté
Qu’est-ce qu’on veut dire quand on dit : « c’est beau ! » ? Pourquoi on n’est pas tous d’accord à ce propos ? Je vois ou j’entends quelque chose et je dis « c’est beau !» C’est quoi, la beauté ? Est-ce que c’est pareil quand on dit « c’est beau » à propos d’une musique, d’un tableau, d’un paysage, d’une personne ? Qu’est-ce que c’est une belle personne, une belle maison, une belle voiture, un bel animal… etc. ?
Résumé des idées partagées :
Chaque personne voit les choses différemment. C’est tout à fait correct comme ça.
On n’est pas obligés d’être d’accord avec les autres pour trouver que quelque chose est beau ou pas beau.
On s’est demandé s’il était possible de faire des comparaisons. Par exemple pour dire quel dessin est le plus réussi. Ce n’est pas facile à faire et ce n’est pas nécessaire. Mais une personne peut se dire qu’elle a mieux réussi une œuvre cette fois que la fois précédente. Elle peut se dire qu’elle a fait des progrès.
On a envie de dire d’un tableau qu’il est beau parce qu’on voit que ça a demandé beaucoup de travail. On voit que l’artiste y a mis tout son cœur.
Ce qui rend les personnes belles, c’est le regard. On ressent qu’une
personne est belle à travers l’échange des regards. La voix compte aussi
beaucoup. On ressent de la beauté quand la personne dit des choses qui sont
vraies, authentiques, apaisantes.
Un paysage aussi est beau lorsqu’on ressent de la paix en le regardant. Quand
il y a des belles couleurs, du soleil. La mer aussi est belle parce qu’on y
entend le bruit apaisant des vagues.
Finalement, la beauté, c’est un goût personnel, une préférence. On est souvent d’accord avec ses amis, sa famille sur ce qui est beau.
On ne peut pas trouver vraiment belles, des choses qui provoquent de la tristesse, de la peur, quand ça montre de la violence.
Je ne peux partager que la vignette vidéo dans laquelle je résume les échanges pour le groupe, mais auparavant, chaque participant a fait l'exercice.
Deuxième séance : le courage
Qu’est-ce qu’on appelle le courage ? ça veut dire quoi, être courageux, être courageuse ? Pourquoi dit-on souvent qu’il faut être courageux, courageuse ? Quand, comment peut-on ou doit-on se montrer courageux, courageuse ?
Relances : pourquoi parle-t-on parfois de découragement ? Est-ce que c’est le contraire du courage ? Faut-il toujours être courageux, courageuse ? Qu’est-ce qui est encourageant ? Qu’est-ce qui nous encourage ? Et nous, on encourage qui, comment ?
Résumé des idées partagées :
Le contraire du courage, c’est quand on est découragé. Il faut être courageux mais parfois on a raison d’être découragé par ne journée d’enfer ou quand on perd souvent dans un jeu ou un sport. Il faut alors se donner plus de force, d’espoir, rebondir, progresser pour une performance exceptionnelle. La réussite donne du courage.
Le courage nous faire réaliser des choses qui nous rendent fiers de les avoir réussies. Par exemple quand pour le théâtre, j’ai un long texte à apprendre. Ça demande du temps et du courage pour aller jusqu’au bout de l’apprentissage.
Le courage, c’est être fort, être capable de faire les choses quand ça va bien mais aussi quand ça va mal. Avec le courage, on est capable de passer à travers des moments difficiles, tels que la pandémie.
Le courage, c’est de faire quelque chose de difficile et de persévérer, comme par exemple, pour moi, prendre le micro et parler devant les autres.
Ça prend parfois du courage pour aller vers les autres, les aborder, essayer de les connaître. Par exemple, aller parler avec une fille qu’on trouve belle mais qu’on ne connait pas.
Le courage, c’est quand j’ai été face à un danger lors d’une fusillade dans mon quartier. Même si j’ai ressenti de la peur sur le moment, j’ai agi pour me protéger et aussi pour protéger des enfants autour de moi. Ensuite, j’ai ressenti de la fierté de ce que j’avais eu le courage de faire.
Il m’a fallu du courage pour parler de devant une caméra devant des acteurs et actrices connus lors de l’enregistrement de l’émission Facteur A.
Lors d’une compétition sportive de course, j’ai foncé avec courage, parce que les gens autour m’ont encouragé. Le courage, ça permet de se démarquer, d’être fier de qu’on a fait.
Le courage, c’est affronter ses peurs, faire ce qu’on n’a pas l’habitude de faire.
On est découragé quand le courage n’a pas payé.
L’encouragement :
Je suis monté en haut de la tour du CN à Toronto avec une amie qui avait très peur parce qu’elle avait le vertige. Je l’ai encouragée en lui disant : « Viens avec moi, reste à côté de moi ! » Elle était contente d’avoir réussi et moi aussi. On peut encourager avec des mots et avec des gestes.
Dans une aventure de Tintin, j’ai vu des personnages qui en encourageaient d’autres en leur disant de ne pas perdre espoir.
Des exemples de courage impressionnants, on en voit dans des films d’action comme James Bond. Ce sont des personnages qui incarnent le courage.
Gagner de l’argent pour le travail que l’on fait, c’est encourageant.
Ça m’encourage quand quelqu’un me donne des exemples, me montre l’exemple, me donne des solutions qui m’encouragent à persévérer.
C’est encourageant de dire à une personne : « Tu es capable ! »
Je dis : « Courage, vous allez vous en sortir ! »
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