samedi 4 juin 2011

Parution : "Leur regard perce nos ombres" Julia Kristeva et jean Vanier

Kristeva, Julia. Vanier, Jean. Leur regard perce nos ombres. Paris. Ed. Fayard. 2011. p 14 

Je voudrais partager avec vous quelques reflets du cadeau que Pierre m’a fait il y a quelques jours en m’offrant ce livre co-signé par Julia Kristeva et Jean Vanier. Il l’avait acheté à mon intention à la “librairie” du colloque “Fragilités interdites” organisé par l’Arche en France les 19 et 20 février derniers à Lyon.
“Pendant plus d’un an, Julia Kristeva, psychanalyste, romancière, qui fait de son vécu de mère un combat politique pour la vie digne dans la cité des hommes et des femmes en situation de handicap, et Jean Vanier, fondateur il y a quarante-six ans de l’Arche, qui héberge des handicapés, ont échangé sous forme de lettres sur leur expérience respective” prévient la quatrième de couverture de l’ouvrage.

A la suite d’une visite de quelques heures à la communauté de l’Arche de Trosly-Breuil qui lui donna l’occasion de rencontrer le fondateur Jean Vanier, Julia Kristeva, lance la discussion : “L’idée m’est venue de continuer à penser à deux, avec vous, cher Jean Vanier. Vous avec votre foi en ces personnes handicapées dans lesquelles vous aimez des créatures divines. Moi, avec mon pari sur les politiques publiques et les personnes handicapées comme sujets politiques d’un humanisme à réinventer.” (p 14)
Emerveillée de ce qu’elle a perçu de la vie communautaire à l’Arche, la philosophe s’interroge et interroge son interlocuteur : qu’est-ce qui fonde ces pratiques communautaires ? Leur source spirituelle les condamne-t-elles à rester exemplaires et uniques ou pourraient-elles inspirer de nouvelles pratiques sociales ? Se tournant ensuite vers sa propre tradition humaniste, elle en interroge les limites : “l’humanisme s’efforce de soigner le handicap par le progrès scientifique et par un accompagnement social responsable et personnalisé. Mais il n’est pas capable de soutenir ce travail de soins au long cours par une philosophie intégrant la vulnérabilité endogène des êtres vivants en général et de l’être humain en particulier.”(p 13)
Cette double interrogation va donner aux deux épistoliers l’occasion d’explorer la condition humaine dans de nombreux domaines où la vulnérabilité fait taire toutes les réponses triomphalistes et confortables du prêt-à-penser qu’il se parfume de religiosité ou de technocratie socio-économique.
Et de réponses, ils se gardent bien d’en donner, ces deux-là en savent trop pour prétendre faire la leçon. Tout au plus nous montrent-ils chemin faisant, ce que peut produire l’art d’un dialogue authentique. Elle, d’examiner comment de Nouvelles Lumières pourraient féconder un humanisme intégrant la vulnérabilité inhérente à la condition humaine, lui, de confier en contrepoint spirituel que “les personnes en situation de handicap m’ont toujours ramené à ce qu’il y a de plus humain dans l’humain : le coeur, une vie relationnelle faite de joie, la souffrance, le cri pour la vérité, la justice et l’amour. C’est en vivant avec elles que j’ai découvert leur beauté et leur sagesse. (...) S’ouvrir humblement aux autres, se libérer de soi-même constitue certes un rique, mais le risque d’être pleinement humain.” (p 200)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire