Une nouvelle production inoubliable !

Le blog de Jean Horvais (Professeur, département d'éducation et de formation spécialisées à l'Université du Québec À Montréal) parce que "... le plus beau métier du monde, après le métier de parent (et d'ailleurs c'est le métier le plus apparenté au métier de parent), c'est le métier de maître d'école..." Charles Péguy ------ Ne supra crepidam sutor iudicaret ! ------
dimanche 8 juin 2025
Rhapsodie Bohémienne (Gang à Rambrou - Opéra de Montréal)
samedi 31 mai 2025
Nathanaël Labrèche : "Penser et agir dans des rencontres éducatives troublantes..." un mémoire de maitrise passionnant !
Une grande fierté d'avoir accompagné Nathanaël dans sa riche réflexion sur sa pratique d'éducateur hors pair.
Labrèche, Nathanaël (2025). « Penser et agir dans des rencontres éducatives troublantes : tentative autoethnographique critique d’un éducateur accompagnant des personnes autistes désignées comme ayant un trouble grave du comportement » Mémoire. Montréal (Québec), Université du Québec à Montréal, Maîtrise en éducation.
C'est là : CLIC !
Tu peux aussi écouter le résumé fait par NoteBookLM :
Résumé : "En tant qu’éducateur spécialisé, médiateur musical et chercheur, j’ai acquis de l’expérience dans plusieurs milieux (familial, scolaire, communautaire, hospitalier) accueillant des personnes autistes désignées comme ayant un « trouble grave du comportement » (Tassé et al., 2010). J’ai ressenti des contradictions entre la culture éducative prédominante dans ces milieux et l’orientation que je souhaitais donner à ma pratique. À l’aide d’une méthodologie autoethnographique (Dubé, 2016) et d’une démarche de participation observante (Bastien, 2007), j’ai relevé dans un journal de bord tenu de 2021 à 2024 des actions éducatives en rencontres avec des personnes autistes désignées comme ayant un TGC. J’y ai développé une praxis fondée sur les postulats éthiques sur lesquels je m’appuie, à savoir l’approche par les capabilités (Nussbaum, 2012 ; Sen, 2023) et le postulat d’éducabilité (Meirieu, 1991 ; Terraz et Denimal, 2018). Cette recherche avait donc pour objectif d’explorer comment les pratiques éducatives d’un éducateur se développent lorsqu'il choisit de privilégier une relation éducative misant sur le postulat d'éducabilité et le développement des capabilités des personnes qui lui sont confiées dans des contextes aux cultures d'intervention étrangères à ces notions. L’analyse qualitative par catégories conceptualisantes (Paillé et Mucchielli, 2021) de mes journaux de bord a fait émerger six catégories de pratiques éducatives soutenues par l’approche par les capabilités et le postulat d’éducabilité. Elles évoquent ce qui se jouait en termes d’interaction, de relation et d’institution dans des rencontres troublantes. Les résultats montrent que l’approche par les capabilités et le postulat d’éducabilité sont utiles pour favoriser une relation juste avec autrui à qui on accorde un éventail créatif d'interprétations afin de favoriser l'émergence de solutions qui conduisent à une saine qualité relationnelle. Je défends que les notions puissent augmenter aussi la liberté de l'éducateur qui s'affranchit des protocoles réduisant son action à des automatismes technicistes."
_____________________________________________________________________________
MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : autisme, déficience intellectuelle, trouble du
comportement, trouble grave du comportement, autoethnographie,
capabilités, postulat d’éducabilité, rencontre, institution, musique,
médiation
mardi 27 mai 2025
La Gang à Rambrou, kessessa ?
Je t'en parle depuis longtemps sur ce blog. Cet organisme - sa directrice fondatrice - m'a généreusement ouvert la porte pour toutes sortes de projets en recherche, en formation, pour des initiatives innovantes. C'est un véritable laboratoire d'utopie sociale pour une société inclusive ouverte à la diversité des allures de vie.
Nous avons écrit un document de présentation de la Gang à Rambrou. Tu peux le lire mais tu peux aussi l'écouter. Un petit podcast créé par NotebookLM.
dimanche 4 mai 2025
Gang à Rambrou : la formation en assistance à la médiation artistique
Tout savoir de l'essentiel en audio résumé par NotebookLM :
samedi 3 mai 2025
ASS712B : les suites...
Sur la base du plan de cours et d'une compilation de tous les travaux des étudiantes, l'IA de NotebookLM propose la synthèse suivante sous forme d'un petit podcast. Assez bluffant !
mardi 29 avril 2025
ASS712B : présentation aux Journées de la Pédagogie Universitaire 2025
Avec Simon et Angel, experts dans le cours, nous sommes allés présenter notre cours aux JPU. Voici le support de notre propos :
lundi 28 avril 2025
mardi 15 avril 2025
lundi 14 avril 2025
Parution: "APPROSH : un dispositif pour développer la participation musicale des personnes autistes désignées comme ayant un « trouble du comportement » ou un « trouble grave du comportement »"
in : Després, J.-P., Julien-Gauthier, F. et Bédard-Bruyère, F. (2025). L’apport des arts pour ledéveloppement des personnes autistes ou vivant avec une déficience intellectuelle ou physique. Livres en ligne du CRIRES.
Nathanaël Labrèche, Étudiant à la maîtrise en éducation, Département d’éducation et formation spécialisées, UQAMMohamed Ghoul, Étudiant à la maîtrise en éducation, Département d’éducation et formation spécialisées, UQAM
Jean Horvais, Professeur titulaire, Département d’éducation et formation spécialisées, UQAM
Résumé
La Gang à Rambrou est un organisme communautaire qui offre des activités artistiques à des personnes ayant reçu un diagnostic d’autisme et/ou de déficience intellectuelle. Parmi les programmes qui y sont offerts, le dispositif Art-Percussion-Programme-Rercherche-Organisation-Sociale-Humaine (APPROSH) vise à faire émerger le désir artistique de personnes participant à des ateliers musicaux pour leur faire découvrir et expérimenter la créativité musicale et rythmique en solo et en groupe. En 2019, afin de favoriser l’accessibilité à des activités de cette nature pour une population plus diversifiée, La Gang à Rambrou, en collaboration avec le CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal et par l’entremise d’APPROSH, a alors ajouté à sa programmation un service de répit spécialisé offert une fin de semaine sur deux. Il est offert plus spécifiquement à des personnes autistes désignées comme ayant un trouble de comportement (TC) ou un trouble grave de comportement (TGC). Inspirés par une philosophie inclusive misant sur une pédagogie de la coopération entre les participants, les médiateurs d’APPROSH utilisent des dispositifs de médiation artistique non conventionnels pour le développement artistique de ce public. Dans ce récit de pratique, nous décrivons en quoi consistent ces dispositifs et les pratiques au sein du répit spécialisé de la « Gang à Rambrou ».
Mots-clés : autisme, trouble de comportement, trouble grave de comportement,
musique, pédagogie, dispositif, participation sociale
L'article dans l'ouvrage : CLIC!
jeudi 3 avril 2025
Cours ASS712B / Autisme, DI: comprendre l’expérience d’apprentissage
Autisme, déficience intellectuelle : la parole des personnes concernées sur leurs parcours de formation et d’apprentissage
Cours donné en collaboration avec des personnes ayant reçu un diagnostic de DI ou d’autisme
Un cours plein d'I.A. :
Intelligence Accessible
Interactions Authentiques
Imagination Artistique
Inclusif Au bout' !
Public visé :
Il s'agit d'un cours donnant l'occasion d'une rencontre de partage des savoirs entre personnes étudiantes de 2ème cycle en EFS - essentiellement du programme d'attache 3170 - et des personnes ayant reçu un diagnostic de déficience intellectuelle et/ou d'autisme,. Ces personnes, actives au sein d'un organisme communautaire où elles pratiquent les arts, sont dénommées "personnes expertes" dans le texte eu égard à leur expérience de vie et à leur participation à un processus d'élaboration des connaissances qu'elles seront amenées à partager avec les personnes étudiantes lors des séances de ce cours.
Objectifs :
Le cours vise donc à favoriser la connaissance et la compréhension des parcours de formation et d'apprentissage des personnes expertes à travers leurs expériences et leurs attentes afin d'y repérer ce qui serait propre à enrichir et améliorer l'offre éducative concernant ces publics aussi bien en milieu scolaire que tout au long de la vie, et ce, dans une perspective inclusive.
Se fondant sur un objectif de développement de l'agentivité des personnes minorisées, il vise aussi à permettre aux personnes expertes d'acquérir des compétences en intervention de formation afin d'améliorer leur capacité à communiquer leur expertise (en référence la perspective d'éducation inclusive à l'UQAM)
Modalités :
Le cours de 45 heures comporte :
- 7 séances de rencontres entre le groupe des étudiantes et un groupe de personnes expertes (usagentes voir : Heijboer, Claire. « L’expertise usagère ». Esprit, no 7 (17 juillet 2020): 125‑28.)
- 7 séances séparées de préparation pour chacun des deux groupes
- 1 colloque final ouvert au public
Contenu et dispositif pédagogique :
Chaque thème sera abordé sous les angles suivants : parcours d’apprentissages, intérêts, usages et pratiques actuelles
Voici quelques thèmes possibles :
- Éducation générale (scolaire, familiale et communautaire)
- Littératie
- Culture scientifique et mathématique
- Citoyenneté et participation sociale
- Arts et culture
- Prendre soin de soi, santé physique et mentale
- Savoirs faire pour le quotidien
- Se bâtir un réseau social - savoir être en société
Sur chaque thème, il y a deux séances :
- Une première séance est consacrée
- Par le groupe étudiant, à la préparation sur chaque thème d'un matériel didactique accessible comportant des éléments tirés de recueils de données, de la littérature scientifique, de questionnements, de partages d'expériences, etc.
- Par le groupe expert, à la préparation de matériel didactique pour présenter les informations qu'il estime pertinentes sur le thème, basées sur l'expérience vécue par elles-mêmes ou les personnes vivant dans leur condition.
- La seconde séance est une rencontre du groupe étudiant avec le groupe des personnes expertes. Chaque groupe présente les points essentiels de sa préparation sous une forme accessible et respectueuse. Un échange direct s'en suit. Puis, une synthèse est réalisée sous une forme finalisée (présentation ppt, affiche, blog, vidéo … ou autre, au choix). Cette synthèse est réalisée de manière inclusive : tous les éléments doivent faire l'objet d'un consensus. Leur formulation est accessible à tous.
Budget :
Une rémunération est prévue pour les personnes expertes sur la base de ce qui est habituellement versé par l’organisme lorsque ses participants réalisent une activité de travail.
VOIR SUR LE SITE DE L'UQAM : https://etudier.uqam.ca/programme?code=3170#bloc_cours
PENSEZ A LA FORMULE ETUDIANTS LIBRES et AUDITEURS : https://etudier.uqam.ca/etudiants-libres/etudiants-libres-auditeurs-0
Le plan de cours officiel : https://docs.google.com/document/d/1Bora8Vmp7UiG8ZiF1nU16jlC6XI_0YD4/edit?usp=sharing&ouid=117230271648326503904&rtpof=true&sd=true
mercredi 2 avril 2025
Entrevue dans le 6 à 9 de Radio Canada Manitoba : "S’occuper des enfants neuroatypiques pendant la semaine de relâche"
dimanche 30 mars 2025
dimanche 23 mars 2025
D'un oeil différent 2025 : le bilan
Ecouter la synthèse du bilan par NotebookLM : CLIC !
Télécharger le bilan annuel : CLIC !
La vision globale de D'un œil différent pour l'inclusion artistique est centrée sur l'idée que l'art est un vecteur puissant de communication, d'émancipation et de participation sociale. L'organisme est un pionnier de la solidarité entre diverses entités œuvrant auprès des personnes vivant avec une déficience intellectuelle ou l'autisme.
Plus précisément, leur vision s'articule autour des points suivants :
- Promotion et visibilité des artistes D'un œil différent s'engage à favoriser la visibilité et la promotion d'artistes, qu'ils vivent ou non avec une déficience intellectuelle ou l'autisme, en soulignant l'acte créatif et la diversité. Leur objectif est de faire connaître et reconnaître les œuvres de ces artistes, et de contribuer à leur professionnalisation ainsi qu'à leur reconnaissance par le milieu des arts et de la culture.
- Inclusion sociale et participation citoyenne L'organisme utilise les arts comme un moyen de favoriser l'inclusion sociale et la participation citoyenne des personnes vivant avec une déficience intellectuelle ou autistes. L'exposition elle-même est conçue comme un événement qui marie l'inclusion sociale, la sensibilisation et l'expression artistique.
- Expression et autodétermination L'art est considéré comme un pouvoir d'expression et de communication, une nécessité qui ajoute de la beauté à la vie et permet à chacun de se réaliser pleinement. D'un œil différent vise à permettre aux artistes de s'exprimer librement, de dépasser les limites et de s'affirmer en tant qu'individus, repoussant les préjugés et favorisant l'autodétermination.
- Sensibilisation et briser les préjugés L'organisation provoque des réflexions et des échanges dans le but de permettre à ces artistes de prendre leur place dans la communauté. Ils s'emploient à sensibiliser la communauté à la place et à la "différence positive" de la déficience intellectuelle ou de l'autisme dans l'art et la société. Par la multiplication des rencontres avec divers publics, D'un œil différent cherche à favoriser l'ouverture à l'Autre et à faire tomber les préjugés.
- Célébration de la diversité et du "Nous" Au cœur de leur mission se trouve la célébration du "nous" — un "nous" collectif, pluriel et inclusif, qui aspire à une société où la tolérance et l'accueil prospèrent. L'événement est un hommage au droit d'être soi-même tout en ouvrant la porte aux autres, célébrant les rêves, le talent, la beauté et l'art de vivre ensemble au-delà des différences.
- Développement de talents et lien social L'art est perçu comme un puissant liant social qui permet aux personnes vivant avec une déficience intellectuelle ou autistes de sortir de l'ombre et de l'anonymat pour créer, exister et montrer avec fierté leur talent et leur vision du monde.
En somme, D'un œil différent est bien plus qu'une simple exposition; c'est une aventure profondément humaine et enrichissante qui vise à transformer la perception de la diversité et à créer un espace où tous les talents sont célébrés et valorisés.
mardi 18 mars 2025
Cours ASS712B à l'écomusée du fier monde dans le cadre de D'un oeil différent
Une séance du cours ASS712B à l'écomusée du fier monde dans le cadre de l'exposition D'un oeil différent, pour parler d'art, et plus précisément : "Se développer comme artiste". Les personnes expertes et les étudiantes ont discuté avec le public sur la base des questions présentées dans le document suivant :
Pour écouter le dialogue, c'est ici : CLIC !
jeudi 27 février 2025
26 et 27 février 2025 : DOD à l'UQAM
Les personnes étudiantes de ce cours sont venues nous prêter main forte avec une belle idée de création collective à laquelle des enfants d'une école du quartier ont été associés. Beaucoup de belles rencontres et de créativité partagée avec les artistes des organismes partenaires de DOD. C'est aussi une belle occasion pour le cinéaste Helgi Piccinin de capter des images pour le film documentaire sur DOD qu'il prépare. (projet à suivre !)
vendredi 7 février 2025
7 février 2025 : Rencontre conjointe du REPAQ à l'école alternative Jonathan
Lors de cette rencontre conjointe du Réseau des Ecoles Publiques Alternatives du Québec, on a célébré les 50 ans de l'école Jonathan.
A cette occasion, un podcast auquel j'ai eu le plaisir de participer aux côtés du porte-parole du REPAQ, Pierre Chénier a été enregistré par un duo dynamique de parents. En voici la présentation sur Spotify :
La conversation aborde également les défis de l'éducation publique en général, y compris les problèmes de pénurie de personnel, la démission des jeunes enseignants, et le manque de ressources. Est-ce que les écoles alternatives font face aux mêmes problèmes? Est-ce que ces modèles pourraient offrir des pistes de solution? Est-ce que les décideurs du monde de l'éducation sont à l'écoute? Les membres du réseau scolaire alternatif devraient-ils se transformer en missionnaire pour propager leur vision qui semble avoir la curieuse tendance de rendre les gens qui y évoluent plus heureux? Nous n'avons pas toutes les réponses à ces questions, mais ce fut très agréable d'en discuter avec le publique qui était présent.
00:00 Introduction et Présentation des Invités
01:48 Historique et Mission du Réseau des Écoles Alternatives
06:47 Défis Actuels de l'École Publique et Comparaison avec l'École Alternative
10:51 Ressources et Soutien dans les Écoles Alternatives
15:35 Modèle d'Éducation et Pédagogie Alternative
24:51 Relations avec le Gouvernement et Financement
32:15 Des écoles secondaire alternatives
37:42 Conclusion et Réflexions Finales"
mardi 7 janvier 2025
Article publié : "L’éducation inclusive en dépit de la pandémie. Que retenir pour l’avenir de l’enseignement des arts ?"
Mona Trudel Professeure associée, Université du Québec à Montréal
Jean Horvais Professeur, Université du Québec à Montréal
Hélène Duval Professeure associée, Université du Québec à Montréal
Laurence Sylvestre Professeure, Université du Québec à Montréal
Avec la collaboration de Sylvie Trudelle Agente de recherche, Université du Québec à Montréal Sophie Levasseur Assistante de recherche, Université du Québec à Montréal
Résumé
L’article présente les résultats d’une recherche qualitative partenariale de type exploratoire menée en 2020-2022 avec 16 enseignantes et enseignants spécialistes des quatre disciplines artistiques (art dramatique, arts plastiques, danse et musique) enseignées dans les écoles du Québec. L’objectif était de développer de nouveaux savoirs issus de pratiques pédagogiques relatives à l’éducation inclusive en enseignement des arts, aux niveaux primaire et secondaire, en temps de pandémie. L’étude impliquait une équipe multidisciplinaire de recherche de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), le Centre de services scolaire de Montréal (CSSDM) comme partenaire, ainsi que des conseillères et conseillers pédagogiques. Les méthodes d’entretiens individuels et de sous-groupes ainsi que l’analyse de six projets artistiques révèlent les obstacles rencontrés, mais aussi les opportunités créatives qui ont permis de les contourner. Les résultats mettent en lumière de quelle manière la perspective de l’éducation inclusive a été prise en compte et comment elle peut constituer un levier pour enrichir les pratiques d’enseignement des arts au-delà du contexte pandémique.
Diffusion numérique : 7 janvier 2025
mercredi 1 janvier 2025
1er janvier 2025 : Félix Turlupin fait de la sociologie dystopique
C'est vrai que... vu de même...🤯 🤔 😵💫 🧐... mais bon... ne le répétez pas !
"On avait embauché ces enfants sur la base de leurs compétences rares et
particulières. Pour mieux souligner leur qualité, ils avaient été
affectés à des classes spéciales, dites « d’adaptation scolaire » car on
comptait sur leurs compétences exceptionnelles pour ordonner le travail
d’un nombre considérable d’adultes impropres à tout autre emploi en
raison de leur inaptitude à se laisser gouverner par une grande quantité
d’enfants dociles et véloces dans l’apprentissage. Le repérage des
enfants extraordinaires était réalisé le plus précocement possible. Il
s’agissait de n’en laisser perdre aucun tant leur précieuse rareté en
faisait l’inestimable prix. A cette fin, des spécialistes avaient
élaboré des tests extrêmement sophistiqués pour en assurer la détection.
Ils administraient ces tests avec diligence sur la plus large
population infantile possible. Ces spécialistes étaient recrutés sur la
base d’une docte ignorance qui ne leur laissait pas de repos au sujet
des raisons pour lesquelles ceux qu’ils étaient chargés de rechercher
semblaient si extraordinaires. Ainsi, ils ne se lassaient pas de
supputer et d’élaborer des tests de sélection des meilleurs éléments et
de proposer pour les éduquer une diversité foisonnante de méthodes dont
la mystagogie mystifiait toujours plus un public avide de science. Vint
un temps où grâce à ces spécialistes on parvint à embaucher 20% environ
de la population enfantine pour assurer du travail à 30% de la
population enseignante.
Ces enfants particulièrement doués pour
organiser le travail d’adultes qui sans eux auraient sombré dans le
désœuvrement le plus fâcheux opéraient sans l’apparence d’aucune
concertation préalable - encore que cette affirmation puisse être
discutée - et avaient ainsi ordonné que fut mise à leur service
différentes catégories de personnel. Leurs parents, bien que bénévoles,
étaient la première catégorie d’adultes mise en servitude. Le sommeil
de ces derniers, leurs activités diurnes, leurs relations sociales, leur
carrière professionnelle étaient déterminés par les exigences de leurs
jeunes enfants-patrons. Souvent au bord de l’épuisement, il leur fallait
donc une grande quantité de professionnels adjoints, aux fonctions
variées, pour exécuter le programme commandé par les enfants.
Les
enseignantes ensuite étaient tellement mobilisées et éblouies par les
compétences en inventivité comportementale de ces enfants qu'on avait eu
soin de leur adjoindre de nombreux personnels chargés de "donner des
services" comme on disait alors. Ce personnel ancillaire s'épuisait à
déchiffrer les initiatives créatives des enfants afin de leur offrir en
échange une inépuisable batterie de protocoles en tout genres, qui, s'il
ne parvenait pas à endiguer la créativité comportementale de ces
derniers, leur permettait de se perfectionner dans l'art de surprendre
toujours plus ces adultes dévoués.
Plus bas dans la hiérarchie
venaient un nombreux aréopage de personnels détenus dans des bureaux aux
éclairages blafards, blasés par la vacuité de leur action, mais qui
tentaient contre toute raison de se faire une place reconnue en
désorganisant et réorganisant sans cesse le système des places
attribuées à ces enfants extraordinaires. Ils construisaient pour cela
des dispositifs sans cesse plus sophistiqués et déroutants, parfois
spectaculairement dispendieux pour être médiatiquement visibles, mais le
plus souvent, ils se montraient d'une ignoble pingrerie qui avait pour
résultat d'augmenter le nombre d'enfants troublants embauchés dans cet
étonnant projet de société.
Et pendant ce temps, ces enfants
indignes et ingrats, absolument imperméables aux bons soins qu'on avait
pour eux, continuaient sans vergogne à se vautrer avec bonheur dans leur
ignorance de la valeur de l'argent, de l'épargne, du travail, de la
hiérarchie. Ils constituaient au nez et à la barbe de l'ensemble du
corps social astreint au labeur, une aristocratie qui vivaient aux
dépens de celui-ci, dans une insouciance qui ne les faisaient même pas
sentir coupables. C'est assez dire la puissance de leur position
éminente dans la société d'alors.
Gageons que ce règne indolent ne
durera pas toujours et qu'on saura bientôt renverser les choses et tirer
profit de l'inventivité et de la diversité de ces êtres d'exception
afin d'enrichir le corps social de leurs nombreux talents ignorés et
inexploités. Ils pourront ainsi contribuer avec fierté et en toute
équité, selon la diversité de leurs talents et désirs au développement
d'une société inclusive."