Félix Turlupin a lu : Graeber, D. (2006). Pour une anthropologie anarchiste. Lux éd.) p 87-88
Il me partage les réflexions que cela lui inspire.
"En venant au monde, l’enfant trouve autour de son berceau toute la connaissance du monde. Elle lui est virtuellement, potentiellement disponible. Il peut la désirer toute entière a priori. Ce n’est qu’en faisant l’expérience que certaines portions se dérobent à lui ou parce qu’on les lui a dissimulées que petit à petit il opère des choix, c’est à dire des abandons, car lesquels il sélectionne progressivement l’humain réduit, incomplet qu’il va devenir. Or, le crime, c’est qu’à certains, on dissimule ou discrédite ce par quoi ils voudraient s’accomplir. On leur signifie que cela n’a aucune valeur, aucun intérêt. Qu’ils y renoncent ou qu’ils s’y obstinent, cela établit sur eux un stigmate qui les retire d’un monde où ils n’ont pas leur place. Ils sont alors regroupés, ségrégués dans des lieux où on fait en sorte de leur prouver leur non-valeur, leur invalidité, en les confrontant sempiternellement à des apprentissages largement illusoires et entachés de faire-semblant au détriment du soin qui devrait être apporté au développement de leur potentiel attisé par leur désir. Il y a un défi à relever : faire alliance avec eux afin de leur permettre de prendre conscience et de révéler au monde la richesse immense de leurs savoirs et de leur désir de l’augmenter.
La société inclusive, oui. Mais attention à ne pas la laisser prendre un caractère purement individualisé.
Pour une société communautaire inclusive car le capitalisme n’est inclusif que comme grand tout de la production-consommation individuelle.
L’activité artistique est la seule qui ne peut s’accomplir exclusivement sous la contrainte. La créativité réclame la liberté. C’est en ce sens qu’elle est subversive. Et qu’il est potentiellement absurde de la livrer à la tyrannie du concours."