lundi 6 avril 2009

l' Enquête relative à la scolarisation dans les établissements hospitaliers et médico-éducatifs

Je viens d'envoyer avec un peu de retard l' Enquête relative à la scolarisation dans les établissements hospitaliers et médico-éducatifs demandée par l'Inspection académique.
Voici le commentaire que j'ai joint à mon envoi:

Madame, Monsieur,
Je viens de finir la saisie des données pour l' Enquête relative à la scolarisation dans les établissements hospitaliers et médico-éducatifs.
Je dois en conscience vous faire quelques remarques.

Du point de vue technique : nous nous sommes trouvés dans  l'obligation de devoir ressaisir une à une toutes les données alors qu'une procédure de téléchargement était semble-t-il initialement prévue. Cela a occasionné le désagrément d'être sous pression de l'inspection académique pour s'acquitter de la tâche dans des délais manifestement trop courts et d'achever pendant le temps des vacances scolaires, tout cela pour une cause purement technique dans laquelle nous ne sommes pour rien. La réputation de l'administration de l'Education Nationale aux yeux des partenaires médico-sociaux en a une nouvelle fois pâti.
Du point de vue de la représentation de la réalité produite par ces données : les faits sont plus graves.
Sur les 71 enfants qu'accueille notre établissement, seuls 53 ont pu paraître dans l'enquête. Un quart de l'effectif n'y figure donc pas !
Et ceci pour une raison méthodologique contestable : les personnes nées avant 1992, donc âgées de plus de 16 ans, étant considérées comme non soumises à l'obligation scolaire, ne peuvent être enregistrées si elles ne font pas l'objet d'une action de scolarisation quantifiable.
Ainsi, le ration d'enseignants rapporté à l'effectif tombe de 1 pour 36 à 1 pour 27 sans que rien n'ait changé depuis l'année dernière !
Ce biais méthodologique doit pouvoir faire apparaître aux yeux du public un meilleur taux de scolarisation des enfants en situation de handicap mais ne satisfait pas la déontologie.
La réalité de l'établissement - et il n'est pas le seul dans ce cas - c'est que des arbitrages internes doivent être rendus dans l'attribution du temps de scolarisation aux enfants. La faiblesse des moyens humains ne permettant pas de scolariser valablement tous les enfants, on est cruellement réduit à choisir parmi eux ceux qui vont en bénéficier et de contingenter rigoureusement leur temps de scolarisation. C'est de cela que devrait rendre compte l'enquête pour être un instrument de pilotage propre à améliorer la situation. Or, c'est tout le contraire qui en ressort pour un lecteur non averti.
Nos élèves ont des capacités d'apprendre et de progresser bien supérieures à ce qu'on imagine communément. Mais pour les mettre en oeuvre, ils ont besoin de plus de temps que les élèves valides. De ce fait, nous mêmes, leurs enseignants, avons besoin de plus de temps pour débusquer leurs possibilités de développement et inventer avec eux les moyens propres à les faire progresser. Cette co-construction minutieuse et largement imprévisible n'est riche que du temps et de la patience qu'on lui consacre. Elle n'a que faire du rendement. De plus, s'il est assez facilement admis que ces enfants ont besoin d'une pédagogie adaptée à leur plus lente progression au cours des séquences pédagogiques, aux prises en charge requises par leur état de santé et aux autres apprentissages éducatifs et professionnels non moins nécessaires, il est en revanche manifeste qu'on n'en veut tenir aucun compte pour ce qui concerne la durée possible de scolarisation à leur allouer au cours de la vie. Ainsi, il est fréquent de les voir s'éveiller au désir d'apprendre à lire vers 16 - 18 ans. Si l'on s'engage avec eux dans ce défi, une question vient immédiatement à l'esprit : qui les accompagnera le temps nécessaire pour y parvenir si cela doit dépasser leur temps d'accueil dans l'établissement ? Y aura-t-il des enseignants au service de de ce public dans les ESAT, les Accueils de Jour comme il y en a pour les détenus dans les prisons?
Voilà à mes yeux les défis à relever qui ont besoin d'instruments de pilotage qui ne masquent pas la réalité mais aident à l'affronter y compris lorsqu'elle est difficile. Je reste convaincu que c'est ce que voulait le législateur dans la loi du 11 février 2005, volet Scolarisation, et c'est le sens dans lequel je m'efforce de travailler.  Je compte pour cela sur le soutien de l'institution que je représente modestement au quotidien aux yeux des enfants, de leurs parents et des professionnels de l'IME.
En vous remerciant de l'attention que vous porterez à ces remarques ayant pour but d'améliorer la qualité du service public que nous sommes chargés de rendre, je vous prie d'agréer mes salutations dévouées.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire